En Haïti, certaines voix transcendent des frontières. Pas seulement par leur puissance ou leur justesse, mais par leur capacité à réveiller ce que nous avons de plus profond : notre mémoire, notre patrimoine, notre identité. Karine Margron est de ces rares échos qui résonnent au delà des notes.
Soprano de formation, pédagogue de cœur, chercheuse par passion, femme de culture et d’engagement, Karine Margron a consacré une grande partie de sa vie à mettre en lumière la richesse musicale haïtienne. En 2013, elle crée un moment inoubliable avec le projet « Chansons d’Haïti », en collaboration avec la Fondation Odette Roy Fombrun pour l’Éducation (FORF) et la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL).
A travers la musique, la voix, lascène, les images et la poésie, ce travail collaboratif mené aux côtés du flûtiste compositeur et chef d’orchestre Julio Racine redonne vie à des trésors méconnus de notre patrimoine.
La soprano s’y est investie pleinement, non seulement comme interprète mais aussi comme passeuse de traditions et de mémoire vivante. Grâce à elle, le public haïtien – et notamment les plus jeunes – a pu redécouvrir des trésors musicaux trop souvent relégués dans l’ombre. Présenté à la FOKAL, le projet a été salué par de nombreux partenaires et soutenu par des institutions telles que la Fondation de France, le Bureau de la Coopération Suisse en Haiti, la Fondation Sogebank, le Rotary Club de Pétion-Ville, la Fondation Yole Dérose, l’Imprimerie Le Natal, l’Alliance Francaise du Cap Haitien et bien d’autres.
Tout compte fait, ce projet aura publié 11 recueils de chansons haïtiennes de tous genres incluant des CD, sans oublier un recueil de méringues lentes et un CD didactique “Tambour, âme ancestrale” pour la sauvegarde du patrimoine rythmique haïtien.
Mais Karine Margron ne s’est pas arrêtée là !
Ce projet, toujours soutenu par la FORF, avec le financement de la FOKAL et de la Fondation Sogebank, vise à doter la jeunesse haïtienne d’une connaissance plus approfondie et vivante de son patrimoine musical.
À travers une série de vidéos pédagogiques, de documents explicatifs et de contenus accessibles, Karine Margron transforme la mémoire en un véritable outil d’apprentissage.
L’objectif ? Intégrer les compositeurs haïtiens, les formes musicales traditionnelles et les rythmes oubliés dans les salles de classe, les écoles de musique et communautaires. les espaces Mettre à disposition des enseignants un matériel concret, conçu pour eux, afin de faciliter la transmission. Offrir aux jeunes générations non seulement des chansons, mais aussi leur contexte, leurs racines et leur significations.
À ce jour, trois documentaires ont déjà été publiés. Le premier retrace l’histoire du compositeur Luc Jean Baptiste et met en lumière l’un de ses plus grands succès, “Diane”, interprété par deux musiciens haïtiens. Le deuxième explore la riche vie du compositeur Justin Élie et comprend l’interprétation de ses célèbres “Six méringues populaires” par un pianiste haïtien.
Enfin, un troisième documentaire, d’une durée d’environ une heure, est consacré à l’histoire du patrimoine rythmique haïtien, de 1804 à nos jours, en passant par ses différentes périodes et les multiples usages qu’en ont fait nos artistes.
L’une portera sur le compositeur Jules Héraux et sa célèbre méringue “Volonté”, interprétée par un trio composé d’un piano, d’un violon et d’une contrebasse. L’autre mettra à l’honneur le compositeur François Guignard et sa méringue lente Adeline, interprétée par ce même trio.
« VINN APRANN PATRIMWÀN MIZIKAL AYITI » est un programme éducatif destiné à aider les jeunes musiciens haïtiens, en Haïti comme à l’étranger, à mieux comprendre les origines et l’importance de la sauvegarde du patrimoine musical de leur pays. Axé sur l’histoire et la richesse de notre culture, il mise sur une transmission dynamique et pédagogique, tout en visant une large diffusion grâce à Internet et aux réseaux sociaux.
Dans un pays où l’histoire est souvent transmise oralement, où les archives sont rares, où le système éducatif manque de ressources culturelles haïtiennes, ce type de projet est essentiel. Il reconnecte les jeunes avec leur héritage. Il valorise nos créateurs. Il redonne une voix aux oubliés.
Karine Margron ne se contente pas de chanter pour nous. Animée du désir de transmission de l’information, elle crée des passerelles entre les générations, rappelant que la musique haïtienne est une mémoire vivante, une force de cohésion, un outil d’émancipation.
Texte et montage: Lourdia L Alphonse
Photos: Archives FORF et Karine Margron
+(509) 3170-6000
+1 (305) 767-2511
Fondation Odette Roy Fombrun
26 Rue Borno, Bois Moquette,
Petion-ville Haiti HT6140
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